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422 MEMOIRES DE PIERRE DE L'ESTOILE.'
tace, receut lettres du Roy, par lesquelles il le prioit pour son instruccion; et de prendre avec lui deux autres qui eussent les esprits dous et affectionnés au soulagement de ses pauvres subjets.
Benoist ayant reçu ces lettres, alla trouver le duc de Maienne, qui lui dit qu'il estoit fort aise de ceste conversion ; et que pour son particulier il ne vouloit point de mal au roy de Navarre. Le renvoia à M. le légat, auquel ledit légat respondit en ces mots, Dis-cretionem tuam laudo ; sed in re tanta, sine aucto-ritate SummiPontificis, nihil tentdndum esse censeo.
Le treizieme du present mois de juin, qui estoit le dimanche de la Trinité, le curé de Saint-André dit le matin, en son sermon, que le bruit estoit partout de la paix, et que les politiques la crioient tout haut; mais qu'il croiioit que nos princes estoient trop gens de bien pour la faire jamais avec un heretique et relaps excommunié, comme estoit le Bearnois; et que cela prejudicieroit à leur honneur età leur promesse. Toutefois quand cela adviendroit, comme ils estoient hommes et se pouvoient changer, qu'il y avoit encores dé bons freres à Paris qui l'empescheroient, et bataille-roient à l'encontre; et y mourroient tous les bons catholiques , plus tost que de l'endurer. Et quant à lui et ses compagnons, qu'on les traisneroit plus tost à la riviere et les jetteroit-1'on dans un sac en l'eau ( comme les en menassoient les politiques), que de jamais y consentir ; et que si on en venoit là, qu'il y auroit bien du sang respandu ; et que messieurs les politiques ne s'en res-jouissent point davantage : car on ne les auroit pas, ainsi qu'Hs cuidoient, sans bestes vendre. Puis parlant du Roy, dit que c'estoit une grande honte d'avoir ac-
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